Le Vison d'Amérique
Le vison d'Amérique est un petit mammifère qui ressemble à un gros furet. Contrairement à son cousin européen, il est considéré comme une espèce nuisible sur le territoire national. Importé en France pour sa fourrure, relâché ou échappé d’élevage depuis, sa présence sur l'île Tomé met en péril l'écosystème local. Ce prédateur est responsable de la diminution de la population d'oiseaux nicheurs, il s'attaque aussi bien aux œufs, aux poussins, qu'aux adultes.
Présence sur l'île Tomé
Le Vison d’Amérique a colonisé récemment l’île Tomé, à partir du proche continent, la première observation de l’espèce datant de l’été 2012. Depuis cette époque, les suivis écologiques ont montré que la présence de ce mammifère prédateur introduit met en péril la biodiversité et le fonctionnement de l’écosystème insulaire, en particulier sa potentialité d’accueil pour l’avifaune nicheuse. C’est ainsi qu’en 2019, il y avait 11 fois moins d’oiseaux marins nicheurs et environ 4 fois moins de passereaux nicheurs qu’en 2004, la baisse des effectifs de Goélands étant particulièrement frappante.
Le programme "TGV"
Afin de préserver le patrimoine naturel de l'île, le Conservatoire du Littoral et ses partenaires (Fédération départementale des chasseurs des Côtes d'Armor (FDC 22), Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), Lannion-Trégor Communauté, Institut National de Recherche Agronomique (INRA, commune de Perros-Guirec, compagnie Armor navigation, Direction Régionale de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement DREAL, Fondation Total) se sont associés dès 2014 dans le cadre du programme "TGV" (Trégor Gestion Vison) pour gérer cette menace.
Le programme a d'abord été soutenu par la DREAL, puis par la Fondation Total. Depuis 2017, le programme bénéficie d'un financement de la part l'Ailes Marines dans le cadre de mesures compensatoires au parc éolien de la baie de Saint-Brieuc. Ce partenariat court jusqu'en 2037 et permet de financer les actions de régulation et les suivis.
Un premier travail de recherches mené en 2014 a permis de capturer neuf visons sur l’île Tomé, preuve d'une population installée.
Le programme depuis 2015 s'est construit autour de trois objectifs : mettre en place une campagne d'éradication ou de forte régulation du vison d'Amérique sur l'île Tomé, vérifier l'absence de l'espèce sur la réserve nationale des Sept-Iles et capturer plusieurs individus sur le littoral de Perros-Guirec à Penvénan en vue d'analyses génétiques.
Au total 38 individus ont été prélevés sur l'île entre 2014 et 2021, avec des années "sans vison" (pas d'individu observé ou prélevé en 2019 et 2022, malgré une veille régulière).
Les résultats des analyses génétiques réalisées par l'INRAe sur les individus prélevés entre 2014 et 2021 indiquent que des individus potentiellement immigrants apparaissent en petit nombre mais régulièrement.
Perspectives
Aujourd’hui, compte tenu de ces traversées régulières, il apparaît peu envisageable d'éradiquer l'espèce.
Les partenaires du projet TGV envisagent donc de poursuivre une veille régulière pour empêcher l’installation d’un noyau reproducteur et minimiser les impacts pendant la période de reproduction des oiseaux.
L'île Tomé va intégrer le périmètre de la Réserve Naturelle des Sept-iles en 2023. Ces actions de régulation seront donc à étudier dans le cadre de l'élaboration du futur plan de gestion de la réserve naturelle.